Le ciel est dégagé sur la carrière de Maizeret. L’ambiance est chaleureuse, tous les rêveurs rassemblés autour d’un feu qui crépite dans le noir. Personne de sait quelle heure il est, seulement que le moment est venu de refaire le monde, ensemble, et de se faire des promesses pour que demain soit meilleur qu’aujourd’hui. C’est ça, Quartier(s) Libre(s). Cette organisation aux apparences bancales d’il y a quelques mois a laissé place à la magie de moments simples partagés par des utopistes qui ont choisi de passer à l’action.
Alors, tous se sont donné rendez-vous sur une terre peu fertile en ayant la certitude que ce sol rocailleux serait le témoin de nombreux petits miracles.
Et ce que je vis ce soir a tout l’air d’un miracle. Les bûches se consument et les enfants s’amusent autour, des accords de guitare adoucissent l’atmosphère et éloignent les nuages qui menaçaient lors du repas collectif. Toutes ces scènes ont des airs de Chalap, la communauté de soixante-huitards des Cévennes. Je termine cette phrase et on me fait découvrir des constellations, des satellites en mouvements dans un ciel clair et prometteur.
Cette soirée partagée avec des personnes venues d’horizons différents mais à la vision commune me donne envie d’écrire pour figer cet instant magique dans ma mémoire. Car bientôt, nous rejoindrons nos tentes respectives et nous endormirons sereins, alignés avec les personnes que nous sommes et les espoirs que nous gardons précieusement. Et un jour nouveau se lèvera sur le campement de fortune qui nous abrite. Le soleil éclairera les vestiges d’un feu qui aura été témoin des échanges de nos idées et projets. J’y pense avec nostalgie car je voudrais que cette soirée ne finisse jamais mais ce jour nouveau sera tout aussi parfait que cette soirée car, tous autant que nous sommes, nous serons libres et à notre place au beau milieu de cette carrière hors du temps.